La beauté est une affaire de confiance en soi; voilà ce que raconte une publicité populaire. Anne l'a compris alors qu'elle passait l'après-midi dans un spa, près de chez elle.
Elle buvait une tisane à la poire, qu'elle redéposait, entre chaque gorgée, sur la table du bistro de la place. Il n'y avait personne autour, sinon la serveuse accoudée au comptoir. C'était mardi. L'endroit était désert.
Anne faisait de son mieux pour se détendre. Elle essayait parfois de fermer les yeux, de respirer lentement. Son corps huilé avait chaud sous son peignoir de ratine blanc. Heureusement, elle n'avait plus mal à la tête.
Elle venait d'être guéri par Paul, qui l'avait massée de ses doigts forts, vingt minutes avant.
Anne s'apprêtait à sortir prendre un bain lorsqu'elle est entrée. Elle avait les cheveux blonds, pour ne pas dire jaunes. Des cheveux presque courts, retenus en l'air par un cerceau doré. Ses mollets gras étaient blancs, presque bleus. Ils dépassaient d'une robe de chambre beige et fatiguée. Sur sa cheville, le tatouage d'un soleil noir contrastait avec ses ongles d'orteils parfaitement laqués de rouge. Seule sa bouche rose et pleine égayait son visage, jusqu'à ce qu'elle l'ouvre pour se mettre à parler. « Je prendrais une tisane à la camomille et un biscuit de caroube s.v.p. »
Anne ne pourrait pas dire si le charme émanait de sa voix grave ou de sa façon de bouger. De la manière dont elle se gratta la tête avant d'agripper la tasse brûlante d'une main assurée. Cette façon de marcher la tête haute, sans regarder autour. Celle de choisir une chaise sans hésiter. Peut importait. Dès qu'elle bougeait, cette femme devenait magnifique. Tellement, que devant son sourire sincère, Anne ne pu s'empêcher de resserrer sur elle l'encolure de son peignoir immaculé. Camouflant son corps superbe, sa poitrine généreuse, qu'on avait parfaitement sculptée.