lundi 27 septembre 2010

Auror

Maryse se réveille à 4h04, toutes les nuits. À 4h06, Claire se lève pour bercer le bébé. Elle la tient serrée contre elle. Se balance les yeux clos, l'index droit offert à la petite qui l'enroule entre ses doigts à elle. Claire ne pense à rien, n'a presque pas conscience d'être là sur une chaise, avec sa fille entre les bras.

Vers 5 h, Claire entend le journal du matin frapper le pas de la porte d'entrée, le camelot regagner sa voiture. Une heure vient de passer. La mère dépose sa fille dans sa couchette, retourne se coucher.

Une heure plus tard, le bébé se réveille, prêt à se lever.

mercredi 22 septembre 2010

L'oiseau

Laura a sauvé un oiseau. Elle sortait jouer au parc avec les enfants. Un chat s'est approché avec la bête à plumes dans la gueule. Elle lui a fait peur. Il a desserré les dents. L'oiseau s'est envolé.
— Pourquoi t'as fait ça, maman?
— Pour ne pas qu'il meure, l'oiseau.
— Pourquoi? C'est pas l'fun de mourir?
— À vrai dire? J'sais pas.

jeudi 16 septembre 2010

Les projets

Toujours chez Nancy Huston. Toujours le même livre : « La vie?/Cette chose/qui s'est passée pendant qu'on/faisait des projets. » Oh la la!

mardi 14 septembre 2010

Mexico

Elle faisait la cuisine. Du mexicain. Du boeuf et des oignons hachés finement, des haricots noirs, des piments forts. Elle tranchait le piment en fine lanière, sentait le jus du légume lui piquer les doigts.

Le bébé s'est mis à pleurer. Il n'était pas encore 16 h. Peut-être pouvait-il dormir encore un peu? Elle est montée à l'étage pour lui remettre sa suce. C'est pressé de le faire. De prendre la tétine entre ses doigts, de trouver les lèvres du bambin, de la lui enfoncer dans la bouche. Le bébé a crié plus fort. Elle avait oublié de se laver les mains.

samedi 11 septembre 2010

Etre ou ne plus être

Elle lit Nathalie Petrowski, qui parle d'un livre. Être ou ne plus être, de Marcel Boisvert et Serge Deneault. La correspondance entre deux médecins. Un débat sur l'euthanasie. Dans sa dernière lettre, dit la journaliste, Daneault écrit à Boisvert : « Je dirais que la souffrance dont tu fus témoin dans ta vie t'a souvent paru ignoble et inacceptable. C'est pourquoi la perspective de la vivre et de la faire vivre te paraît scandaleuse. Pour ma part, j'ai trop vu de fins de vie où l'inattendu survient sans avertir, où un bonheur se glisse au détour d'un mot, d'un pardon, d'un dernier je t'aime, pour risquer une seule fois d'empêcher ce bonheur par la provocation délibérée de la mort. » Voilà. Elle se promet de lire le livre en entier.

dimanche 5 septembre 2010

Le pied

Elle lit le dernier livre de Nancy Huston. Elle lit : « Ça se saurait si le vagin était un organe érogène, se dit-elle. Comment ferions-nous pour y enfoncer nos tampons périodiques quatre fois par jour, six jours par mois, douze mois par an, sans éprouver au moins de temps en temps un frisson de plaisir? Mais non. Aucune femme ne ma jamais avoué en rosissant qu'elle prenait son pied de cette façon-là... » Elle rit! Ah! ce qu'elle rit! Dieu qu'elle se sent moins seule!

samedi 4 septembre 2010

Canicule - la fin

Enfin, elle peut ouvrir les fenêtres.
La brise de fin d'été lui fait du bien.

vendredi 3 septembre 2010

Le psy

Elle le paie 100 $ l'heure pour lui parler de ses ennuis. Il l'écoute, a l'air concentré. Il prend des notes. Il lui apporte même des solutions.

Face à lui, elle parle. Elle s'entend, elle a honte, mais sa bouche continue. Sa tête ne pense plus, enfin.

Son mari, ses amis à elle ne pourraient pas comprendre. Alors pour eux, elle sourit.