Le dimanche, elle pleure un peu. Les larmes montent vers 20 h 00, au moment d'éteindre la lumière dans la chambre du petit. Deux larmes, parfois trois. Si peu, compte tenu de cette mer intérieure qu'elle se retient chaque fois de déverser.
Lorsqu'elle s'assoie devant la télé qui bourdonne, sous la lumière tamisée, au milieu du salon vide, devenu trop tranquille, elle se demande toujours ce qui vient de se passer. Elle repasse, dans sa mémoire, le temps envolé entre le vendredi soir et ce dimanche. Une main envoyée au plus vieux, des gradins de la patinoire. Un baiser volé à la petite, assise dans l'escalier. Un clin d'oeil échangé avec le petit, déjà grand. Quelques instants avant le dimanche. De beaux moments, rares.
Lorsque au matin, elle reprend sa course folle, lorsque au bureau, elle s'assoit enfin, elle garde les yeux posés sur la photo de ses trois amours. Assise devant son écran d'ordinateur, elle espère le vendredi suivant. Elle maudit le dimanche.
dimanche 29 novembre 2009
vendredi 27 novembre 2009
Partir en fumée
Il fume. Et bien qu'elle l'aime sincèrement, lorsqu'elle le voit tirer sur sa cigarette, elle le trouve dégoûtant. Il sort pour fumer. Autrement, elle ne le tolérerait pas.
Lorsqu'il met les pieds dehors, elle ne peut s'empêcher de s'asseoir sur la causeuse du salon, d'où elle le voit par la fenêtre. Elle fait semblant de lire, mais elle le regarde. Enragée.
Elle cherche, depuis longtemps, d'où vient son trouble. Elle voudrait s'en faire pour sa santé, déjà plus précaire que la sienne. Elle voudrait s'inquiéter de le voir mort ou malade, trop jeune. Mais son trouble n'a rien à voir avec la peur de le perdre.
C'est lorsqu'elle le voit rentrer derrière un nuage de fumée blanche, qu'elle comprend qu'il la déçoit.
Elle voudrait qu'il s'empêche de fumer comme elle s'empêche, secrètement, de boire.
Lorsqu'il met les pieds dehors, elle ne peut s'empêcher de s'asseoir sur la causeuse du salon, d'où elle le voit par la fenêtre. Elle fait semblant de lire, mais elle le regarde. Enragée.
Elle cherche, depuis longtemps, d'où vient son trouble. Elle voudrait s'en faire pour sa santé, déjà plus précaire que la sienne. Elle voudrait s'inquiéter de le voir mort ou malade, trop jeune. Mais son trouble n'a rien à voir avec la peur de le perdre.
C'est lorsqu'elle le voit rentrer derrière un nuage de fumée blanche, qu'elle comprend qu'il la déçoit.
Elle voudrait qu'il s'empêche de fumer comme elle s'empêche, secrètement, de boire.
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Laura
lundi 23 novembre 2009
Au naturel
La beauté est une affaire de confiance en soi; voilà ce que raconte une publicité populaire. Anne l'a compris alors qu'elle passait l'après-midi dans un spa, près de chez elle.
Elle buvait une tisane à la poire, qu'elle redéposait, entre chaque gorgée, sur la table du bistro de la place. Il n'y avait personne autour, sinon la serveuse accoudée au comptoir. C'était mardi. L'endroit était désert.
Anne faisait de son mieux pour se détendre. Elle essayait parfois de fermer les yeux, de respirer lentement. Son corps huilé avait chaud sous son peignoir de ratine blanc. Heureusement, elle n'avait plus mal à la tête.
Elle venait d'être guéri par Paul, qui l'avait massée de ses doigts forts, vingt minutes avant.
Anne s'apprêtait à sortir prendre un bain lorsqu'elle est entrée. Elle avait les cheveux blonds, pour ne pas dire jaunes. Des cheveux presque courts, retenus en l'air par un cerceau doré. Ses mollets gras étaient blancs, presque bleus. Ils dépassaient d'une robe de chambre beige et fatiguée. Sur sa cheville, le tatouage d'un soleil noir contrastait avec ses ongles d'orteils parfaitement laqués de rouge. Seule sa bouche rose et pleine égayait son visage, jusqu'à ce qu'elle l'ouvre pour se mettre à parler. « Je prendrais une tisane à la camomille et un biscuit de caroube s.v.p. »
Anne ne pourrait pas dire si le charme émanait de sa voix grave ou de sa façon de bouger. De la manière dont elle se gratta la tête avant d'agripper la tasse brûlante d'une main assurée. Cette façon de marcher la tête haute, sans regarder autour. Celle de choisir une chaise sans hésiter. Peut importait. Dès qu'elle bougeait, cette femme devenait magnifique. Tellement, que devant son sourire sincère, Anne ne pu s'empêcher de resserrer sur elle l'encolure de son peignoir immaculé. Camouflant son corps superbe, sa poitrine généreuse, qu'on avait parfaitement sculptée.
Elle buvait une tisane à la poire, qu'elle redéposait, entre chaque gorgée, sur la table du bistro de la place. Il n'y avait personne autour, sinon la serveuse accoudée au comptoir. C'était mardi. L'endroit était désert.
Anne faisait de son mieux pour se détendre. Elle essayait parfois de fermer les yeux, de respirer lentement. Son corps huilé avait chaud sous son peignoir de ratine blanc. Heureusement, elle n'avait plus mal à la tête.
Elle venait d'être guéri par Paul, qui l'avait massée de ses doigts forts, vingt minutes avant.
Anne s'apprêtait à sortir prendre un bain lorsqu'elle est entrée. Elle avait les cheveux blonds, pour ne pas dire jaunes. Des cheveux presque courts, retenus en l'air par un cerceau doré. Ses mollets gras étaient blancs, presque bleus. Ils dépassaient d'une robe de chambre beige et fatiguée. Sur sa cheville, le tatouage d'un soleil noir contrastait avec ses ongles d'orteils parfaitement laqués de rouge. Seule sa bouche rose et pleine égayait son visage, jusqu'à ce qu'elle l'ouvre pour se mettre à parler. « Je prendrais une tisane à la camomille et un biscuit de caroube s.v.p. »
Anne ne pourrait pas dire si le charme émanait de sa voix grave ou de sa façon de bouger. De la manière dont elle se gratta la tête avant d'agripper la tasse brûlante d'une main assurée. Cette façon de marcher la tête haute, sans regarder autour. Celle de choisir une chaise sans hésiter. Peut importait. Dès qu'elle bougeait, cette femme devenait magnifique. Tellement, que devant son sourire sincère, Anne ne pu s'empêcher de resserrer sur elle l'encolure de son peignoir immaculé. Camouflant son corps superbe, sa poitrine généreuse, qu'on avait parfaitement sculptée.
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Anne
jeudi 19 novembre 2009
Boum Boum
Elle a entendu les battements du coeur de son bébé. Un bruit pareil à celui d'une locomotive. D'un cheval de course. D'une vie. Elle n'a pas pleuré, elle a su se retenir.
En sortant de chez le médecin, elle s'est arrêtée s'acheter des robes. La vendeuse lui a demandé : « Vous êtes à combien de semaines? » Enfin, elle a pu répondre. Onze. Malgré son ventre encore plat, elle se sentait pleine.
En sortant de chez le médecin, elle s'est arrêtée s'acheter des robes. La vendeuse lui a demandé : « Vous êtes à combien de semaines? » Enfin, elle a pu répondre. Onze. Malgré son ventre encore plat, elle se sentait pleine.
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Claire
mercredi 18 novembre 2009
Service de garde
Elle se cherche désespérément quelque chose à faire. Tellement, qu'elle juge toutes les mères qui vont porter leurs enfants à la garderie. Même celles qui osent le faire à temps partiel.
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Laura
dimanche 15 novembre 2009
Corvée de vaisselle
Anne, le soir. Les enfants sont couchés. Enfin, elle n'a plus rien à dire. Ni bonjour aux collègues, ni bienvenu aux clients. Ni bonsoir au voisin, en sortant de la voiture les petits qui se chamaillent.
Elle fait la vaisselle. Le silence de la cuisine l'apaise. Seules les assiettes claquent. Entre les rinçages, elle empêche la porcelaine de se toucher. Elle veut, le moins possible, briser la quiétude de la maison.
***
Laura, le soir. Les enfants sont couchés. Encore, elle n'a rien à dire. Bien sûr, dans la journée, elle parle. Au plus jeune, pour qu'il descend du comptoir. À l'autre, qui ne veut jamais mettre ses mitaines. Sinon, elle ne parle pas. Elle pense à ce qu'elle aimerait dire. Elle pense à ce qu'elle ne dit plus, à force d'être seule avec les enfants, à la maison.
Elle fait la vaisselle. Le silence de la cuisine l'alourdit. Seules les assiettes claquent. Entre les rinçages, elle se force à faire crier la porcelaine. Le bruit des couverts l'empêche enfin de réfléchir.
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Laura
mercredi 11 novembre 2009
Cours de danse
Je me demande si à son âge, on se préoccupe encore d'être belle. Si la mèche rebelle rend moins douce une journée de printemps. Si le ventre mou boude encore le maillot deux-pièces, ou si enfin, il s'en fiche. J'ose espérer qu'à son âge, la tignasse grise fasse oublier l'amertume d'un premier cheveu grisonnant. Que les rides creuses deviennent enfin une histoire heureuse, plutôt qu'un souvenir blessant. À la voir se déplacer moins vite que moi, j'admire la sagesse qu'elle a de vouloir prendre son temps.
Elle est aussi coquette qu'on peut l'être dans une salle de gym. Elle porte un pantalon noir moulant, une camisole, des souliers neufs. Elle a ramené ses longs cheveux en chignon serré sur sa tête. Ses lèvres sont roses.
Je danse avec elle et une dizaine d'autres, au rythme d'une musique bruyante. Lorsqu'elle s'arrête pour boire un peu d'eau, et éponger son front d'une serviette, je pense : « Dieu, faite qu'elle transpire seulement pour garder la forme. »
Elle est aussi coquette qu'on peut l'être dans une salle de gym. Elle porte un pantalon noir moulant, une camisole, des souliers neufs. Elle a ramené ses longs cheveux en chignon serré sur sa tête. Ses lèvres sont roses.
Je danse avec elle et une dizaine d'autres, au rythme d'une musique bruyante. Lorsqu'elle s'arrête pour boire un peu d'eau, et éponger son front d'une serviette, je pense : « Dieu, faite qu'elle transpire seulement pour garder la forme. »
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Autres
lundi 9 novembre 2009
Donne-moi ta bouche
La femme de Luc ne l'écoute plus.
Peut-être est-ce elle qui ne veut plus l'entendre?
- Chérie, j'ai enfin réglé le cas Beaudoin.
- Mmm...
- J'ai changé les pneus de la voiture pour l'hiver.
- Mmm...
- Je suis troisième dans mon pool d'hockey.
-Mmm...
- J'ai sauté la voisine.
-Mmm...
Depuis trois semaines, sa femme ne se maquille plus. Voilà! Voilà pourquoi il a sauté la clôture. De l'autre côté du mur, la bouche est toujours vermeille.
Peut-être est-ce elle qui ne veut plus l'entendre?
- Chérie, j'ai enfin réglé le cas Beaudoin.
- Mmm...
- J'ai changé les pneus de la voiture pour l'hiver.
- Mmm...
- Je suis troisième dans mon pool d'hockey.
-Mmm...
- J'ai sauté la voisine.
-Mmm...
Depuis trois semaines, sa femme ne se maquille plus. Voilà! Voilà pourquoi il a sauté la clôture. De l'autre côté du mur, la bouche est toujours vermeille.
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Luc
vendredi 6 novembre 2009
Sexy mama
Elle est magnifique et grosse. Elle se tient presque droite, le dos arqué vers l'arrière, le ventre haut. Ses doigts entrelacés sont immobiles sur ce qui pourrait être le dos du bébé. Ou sa tête. Ou ses fesses. Ses doigts entrelacés évoquent la prière. Pourtant, pense Claire, avec ce ventre-là, il n'est plus nécessaire de prier.
Ses seins débordent de son soutien-gorge trop petit, de son décolleté plongeant. L'image n'a rien de vulgaire. Elle est plutôt émouvante. Attirante et belle à vouloir toucher. Comme si son ventre, plus énorme encore, rendait convenable cette gorge nue.
Ses seins ronds et tendus, pareil à la peau de son ventre, font d'elle une femme bien avant une mère. Une femme pleine et désirable. Une femme, comme il se doit.
Devant elle, pour la première fois depuis septembre, Claire sent le bout de ses mamelons se gonfler. Un picotement léger, une douce quiétude.
Ses seins débordent de son soutien-gorge trop petit, de son décolleté plongeant. L'image n'a rien de vulgaire. Elle est plutôt émouvante. Attirante et belle à vouloir toucher. Comme si son ventre, plus énorme encore, rendait convenable cette gorge nue.
Ses seins ronds et tendus, pareil à la peau de son ventre, font d'elle une femme bien avant une mère. Une femme pleine et désirable. Une femme, comme il se doit.
Devant elle, pour la première fois depuis septembre, Claire sent le bout de ses mamelons se gonfler. Un picotement léger, une douce quiétude.
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Claire
mardi 3 novembre 2009
lundi 2 novembre 2009
Blue jeans
Laura a tout acheté, pour faire comme la fille de la page 92 de son magazine. Une mini robe drapée en coton framboise, ceinturée d'une fine lanière de cuir verni. Des boucles d'oreilles s'étirant jusqu'aux épaules, un bracelet parfaitement agencé. Un sac à main à franges, souple et profond, de grande qualité. Et des bottes montantes, bien au-delà des genoux. Des bottes de cuir noir qu'elle a payé 625.00 $. Elle a acheté sans occasion précise. Sans aucune raison, sinon celle de se trouver belle.
Ce soir, Laura dîne avec une amie. Elles ont choisi un resto à la mode de ses bottes nouvelles et de son sac à main. Avant de sortir, Laura enfile sa robe et ses bijoux, ses cuissardes et l'anse de son sac bourré. Devant son miroir, elle ne se reconnaît plus. Elle s'intimide. Laura est belle dans sa robe gourmande, mais elle n'ose pas bouger. Juste avant de partir, elle se change en jeans et en col roulé.
Ce soir, Laura dîne avec une amie. Elles ont choisi un resto à la mode de ses bottes nouvelles et de son sac à main. Avant de sortir, Laura enfile sa robe et ses bijoux, ses cuissardes et l'anse de son sac bourré. Devant son miroir, elle ne se reconnaît plus. Elle s'intimide. Laura est belle dans sa robe gourmande, mais elle n'ose pas bouger. Juste avant de partir, elle se change en jeans et en col roulé.
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