mardi 25 janvier 2011
Un grand lit
Ils dorment toujours du même côté du lit: elle à gauche, lui à droite. Qu'ils soient à la maison, qu'ils couchent à l'hôtel, chez des amis, les parents, les beaux-parents. Qu'ils partagent un matelas de camping, ils s'allongent toujours de la même manière. Sauf quand lui ne dort pas à la maison. Quand il part pour la semaine en voyage d'affaires. Quand il rentre tard du bureau ou de sa partie de hockey. Quand il éteint la télévision au petit matin et qu'il monte la rejoindre, il la retrouve endormie sur son côté à lui. Elle prend sa place, comme pour oublier qu'elle est seule dans leur grand lit froid.
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Laura
lundi 17 janvier 2011
Bad hair week
Anne se demande pourquoi investir autant chez le coiffeur. Car chaque fois qu'elle revient chez elle après la visite, elle ne semble jamais satisfaite. Ses cheveux sont soit trop bruns, soit trop blonds. Soit trop courts, soit trop longs. Jamais comme il faut. Étrangement, personne autour ne semble remarquer le changement. Ou du moins, personne n'ose rien dire. Pourtant elle, elle voit une différence. Elle scrute son reflet plusieurs minutes, plusieurs fois par jour. Elle observe la racine de ses cheveux sous le néon de la cuisine, dans le reflet du grille-pain. Elle louche vers les pointes de sa tignasse quand elle est sous le soleil. Elle se regarde dans les vitrines des magasins. Elle sursaute longtemps, déçue. Pensant: « Encore une fois, je n'aime vraiment pas mes cheveux. » Puis, une semaine plus tard — deux, au pire —, elle s'habitue. Se reconnait. Ne remarque plus, elle non plus, la différence.
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Anne
dimanche 9 janvier 2011
La drogue
Elle a la migraine. C'est comme si on lui enfonçait la pointe d'un crayon à mine sur le bout de son sourcil gauche, juste au-dessus de son oeil. Elle déteste avoir la migraine. Déteste surtout le dire. « J'ai la migraine. » Elle trouve que ça fait hystérique.
Ces jours-là, elle prend un comprimé; une pilule qu'on avale comme on agrippe une bouée de sauvetage lorsqu'on est à l'eau. Elle s'étend sur le divan du salon, sous une couverture. Attend l'engourdissement. Étrangement, même si la douleur ne disparaît pas, elle devait supportable. Comme si, une fois engourdi, l'esprit acceptait d'avoir mal. Trouvait cela presque agréable.
Ces jours-là, elle prend un comprimé; une pilule qu'on avale comme on agrippe une bouée de sauvetage lorsqu'on est à l'eau. Elle s'étend sur le divan du salon, sous une couverture. Attend l'engourdissement. Étrangement, même si la douleur ne disparaît pas, elle devait supportable. Comme si, une fois engourdi, l'esprit acceptait d'avoir mal. Trouvait cela presque agréable.
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