Il est parti ce matin, vers 10 h 00. Envolé vers Paris pour dix jours. Un voyage d'affaire. Laura l'a embrassé avec fougue sur le pas de la porte, devant le chauffeur de taxi. Son baiser l'a rendue chaude et juste assez triste.
Elle a oublié de lui demander de programmer l'enregistreur pour la télé. Merde. Elle ne voulait pas rater cette émission d'affaire publique du dimanche soir, alors qu'elle recevra Claire pour souper. Tant pis, elle lira le résumé dans le journal du lundi.
Il s'est remis à neiger. Des gros flocons, déjà des balles de neige. C'est gai, pour un soir de décembre. Les enfants dorment à poings fermés et à bouche ouverte. Encore un rhume qui les empêche de souffler.
Elle se rappelle des longues semaines où son papa à elle partait travailler. Même si sa mère veillait sur elle, les soirs où son papa était absent, Laura dormait mal. Elle avait un peu peur, jusqu'à ce qu'il revienne. Jusqu'à ce qu'il reprenne sa place, dans le lit, auprès de sa mère. Alors là, elle dormait bien. Comme si son père, parce qu'il était plus fort, savait encore plus les protéger.
Ce soir, dans la maison endormie, Laura se demande si sa fille a eu du mal à trouver le sommeil, avec son papa parti. Car, couchée toute seule dans son grand lit, Laura a un peu peur.